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La perception du rail-route par les transporteurs routiers a changé

2 Juin 2021 Actu Transport Logistique

Le transport combiné rail-route prend progressivement toute sa place au sein des chaînes logistiques. D’autant que cette technique a démontré qu’elle pouvait être résiliente, même lors de crises majeures. Ivan Stempezynski, président du Groupement national des transports combinés (GNTC), a bien voulu faire un tour d’horizon de l’ensemble des sujets concernant le combiné rail-route dont l’activité pourrait être triplée d’ici à 2030.

L’Officiel des transporteurs : Le combiné rail-route connaît des temps forts avec les annonces du plan de relance et la prochaine publication de la future stratégie nationale du fret ferroviaire.
Ivan Stempezynski : Effectivement, l’actualité du plan de relance est traité à tous les niveaux : État, gouvernement, GNTC, 4F, etc. Et nous voyons avec satisfaction qu’une majorité des mesures envisagées dans le cadre du plan 4F, présenté en juin 2020, devraient être suivies d’effets. Pour l’heure, c’est une somme de 1 milliard d’euros qui est évoquée sur la période 2021-2024. S’agissant de la stratégie nationale du fret ferroviaire, ce document attendu initialement fin décembre 2020 pourrait finalement être dévoilé dans les deux mois à venir. Là encore, les propositions qu’il contient pourraient être proches de celles du plan 4F. La qualité du réseau fait partie des préoccupations premières. Mais les éléments d’investissements le sont tout autant pour parvenir à un doublement du fret ferroviaire et même un triplement de l’activité rail-route d’ici à 2030. Ces arbitrages financiers sont en cours d’étude à Bercy mais nous avions chiffré, pour notre part, un investissement global de 12 milliards d’euros – principalement sur la capacité et la rénovation du réseau – pour atteindre ces objectifs en dix ans. Rappelons que la part modale du fret ferroviaire ne dépasse actuellement pas les 9 %.

L’OT : Quel impact va avoir le projet de loi climat et résilience sur lequel le GNTC propose des amendements ?
I. S. : C’est un sujet essentiel pour lequel nous sommes mobilisés au quotidien. Car il s’agit de faire adopter un amendement stipulant que l’objectif de doublement de la part modale du fret ferroviaire doit figurer dans la loi. Or, cet amendement fait face à des problèmes de recevabilité juridique. En clair, il est très difficile d’instaurer des amendements sur le ferroviaire. Il y a donc actuellement une incompréhension totale alors même que ce mode de transport est l’un des plus respectueux de l’environnement. Nous poursuivrons donc notre mobilisation, aux côtés des parlementaires défendant cet amendement, au moins jusqu’en juin 2021.

L’OT : Le combiné rail-route bénéficie déjà de différentes aides. Pouvez-vous les rappeler ?
I. S. : Elles sont de plusieurs ordres. La première et la plus connue est l’aide à la pince. Son montant a été porté à 47 millions d’euros annuels. Pour une aide encore plus importante puisque s’élevant cette année à 67 millions d’euros pour l’ensemble du secteur du fret ferroviaire, nous avons aussi obtenu une diminution des péages ferroviaires. Elle permet de ne payer que 50 % du coût des sillons. Enfin, les certificats d’économie d’énergie [CEE] sont un bon moyen pour les transporteurs routiers d’entrer sur le combiné rail-route. Ils concernent l’acquisition de caisses mobiles et de semi-remorques préhensibles par pinces. Au-delà de la pérennisation dans le temps de ce dernier dispositif, nous travaillons à développer de nouvelles fiches concernant d’autres matériels.

L’OT : Résilient pendant la crise, le combiné rail-route a repris une pente ascendante. Y a-t-il néanmoins des points de vigilance ?
I. S. : Le combiné rail-route bénéficie clairement d’un changement de perception de la part des transporteurs routiers. Il a prouvé toute sa pertinence durant la crise sanitaire avec des taux de qualité jamais atteints jusque-là. Il est aujourd’hui reconnu comme un acteur de transport incontournable qui sait s’adapter quelles que soient les circonstances. Grâce à cette notion de confiance, le combiné rail-route est déjà en train de revenir à ses plus hauts niveaux d’activité de 2019. Cette dynamique de croissance à deux chiffres pourrait même être plus forte sans quelques points négatifs comme la crise sanitaire et celle des composants électroniques qui ralentissent l’industrie.

Ivan Stempezynski le témoin de la semaine

7 avril 2021 Actu Transport Logistique

Certes, la crise sanitaire mobilise tous les esprits, mais l’heure est plus que jamais venue pour la transition énergétique. Ce thème est d’autant plus prégnant que nous sommes en train d’épuiser toutes les réserves naturelles terrestres. Il y a donc une vraie réflexion à mener pour que tous les acteurs concernés – transporteurs routiers, chargeurs, constructeurs de véhicules, fournisseurs d’énergie et institutionnels – se mettent autour d’une table pour œuvrer en faveur de la transition énergétique. Car je pars du principe qu’il vaut mieux convaincre que contraindre. Il faut donc que les chargeurs soient convaincus que le transport constitue un élément incontournable de l’économie et qu’il doit obtenir un juste prix.

Valoriser les efforts pour le CO2 économisé

De leur côté, les institutionnels doivent être force de proposition pour valoriser les efforts de la profession pour une tonne de CO2 économisée plutôt que de taxer une tonne de CO2 produite. Des solutions existent dès maintenant pour parvenir à l’atteinte de ces résultats. Plutôt que de favoriser la recherche pour la circulation de convois de camions autonomes, favorisons au contraire le combiné rail-route pour les longues distances.

Mettre tout le monde autour de la table

Les réductions d’émissions de ces trains électriques traversant la France en saut de nuit à la vitesse de 120 km/h sont immédiatement quantifiables. Elles sont six fois moindres que celles de la route ! Mais il convient là encore de réunir tous les acteurs, et a fortiori le gestionnaire d’infrastructures ferroviaires, pour que l’ensemble du système soit en mesure d’offrir la même qualité de service que la route. Cela passe donc par l’obtention de garanties en cas de report modal. En résumé, arrêtons de parler, agissons dès maintenant afin que notre profession serve les intérêts d’une économie devenue… durable.